Michael Yonkers - Returning

Publié le par Oyster

On va, on vient. On roule et les années s'entassent sur la banquette arrière, avec les cadavres et l'argenterie volée, tandis que les ombres au bord de la route semblent hurler : Prenez tout ce que vous pouvez et foncez.
Vendredi 1er janvier 2010, en gare d'Avignon. Alors que je m'en grille une sur le parking, une femme s'époumone au téléphone :
- Voilà, je suis devant la gare, vous m'attendez où ? Ah bon ? Non, je vous vois pas... Hein ? Comment ça, vous êtes à la gare d'Aix ? Je suis pas à Aix, je suis à Avignon !
Foncez, foncez donc à tombeau ouvert sans prêter un regard aux insectes collés sur le pare-brise... 2009 est à peine terminée qu'une nouvelle année commence, il s'agit de ne pas la louper. Pour ma part, je considère que l'on devrait nous accorder une petit moment de répit entre deux années : quinze jours, un mois hors du temps, hors du calendrier, quelques semaines en marge, sans courses ni avenir, sans questions pressantes : Si 2009 était l'année de la meuf, 2010 sera-t-elle l'année de la chaude-pisse ? Rien n'est moins sûr, la tendance étant plutôt, après l'orgie, aux intestins qui se vident. Les grandes purges ne sont plus ce qu'elles étaient...
En attendant, cela ne nous laisse plus que deux ans avant l'Armageddon, le retour de la vengeance des Mayas (et ils ne sont pas contents) ou, appelons un chat un chat, le jour du Jugement - à ce qu'on raconte, les jurés ne feront guère preuve de clémence. Deux ans pour se repaître de musique jusqu'à plus soif, pour s'aventurer hors des sentiers battus de la culture officielle et embrasser la fine fleur du monde de l'art, c'est un peu juste. Mais jetons nos calendriers au feu, enivrons nous jusqu'à l'oubli - de vin, de poésie ou de vertu, comme dirait l'autre -, et brisons, camarades, nos montres en même temps que nos chaînes ! Vous serez au passage bien inspirés de prêter l'oreille à la chanson qui suit : Returning, par Michael Yonkers (Microminiature Love, 1968), sorte d'Alabama Song en plus aride. Un titre tendu et répétitif, en forme de courbe ascendante, susceptible de transformer votre boite crânienne en caisse de résonance où viennent s'ébattre de froides flammes bleuâtres. Le coeur valse, s'emballe, ralentit puis repart... jusqu'au hurlement final, dont on ne sait trop s'il tient du désespoir, de l'hystérie ou de l'orgasme. Santé, et temps mort !


Publié dans En musique et en vrac

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